Ils me laissent l’exil

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Note d'intention

Ce travail autour des frontières mené depuis 2001 a d’abord été photographique. Rapidement, les frontières m’ont amenée à percevoir les limites de l’image fixe et à explorer d’autres médiums. Dans ce nouveau projet, j’ai envie de rendre sensible l’expérience singulière et collective de ces hommes et femmes qui ont franchi ces lignes physiques et imaginaires que sont les frontières, et la manière dont ce passage s’est transmis à leurs descendants. De ce passage des frontières, que reste-t-il pour les générations suivantes ?

Synopsis

Ce film se construit à partir des allers et retours des exilés républicains espagnols entre le sud de la France et le Chili sur trois générations. Ces récits composeront l’ossature générale du film : les parcours des exilés espagnols ayant d’abord connu la Retirada en 1939, fui la dictature de Franco, ayant connu les camps d’internement en France puis la dictature de Pinochet au Chili, avant de revenir en Europe seront au centre du film. L’ensemble du projet explore les couches successives de la transmission des parcours migratoires. Quels récits de l’exil sont construits dans la durée, dans la sphère privée et la sphère publique ? Qu’est-ce qui peut se transmettre (ou pas) au fil des générations ? Prenant comme point de départ les objets intimes, il sera question de bruits, de discours, de survalorisation, de héros. Mais aussi de silence, de déni et d’oubli.

Concept visuel

Je travaillerai à partir de l’idée du fragment, à partir d’objets et photographies conservés au sein des familles. Ces éléments seront articulés autour de la parole des témoins et de l’épaisseur du silence. Il donne à entendre une parole « nue », au-delà d’une étiquette sociale. La caméra sera en grande partie posée en plan fixe. Les entretiens seront filmés dans l’intimité des maisons et les cadrages forceront au regard du visage. Des incursions d’images photographiques traiteront notamment des lieux de l’effacement des indésirables.