Cinq enfants livrés à eux-mêmes, une grand-mère en proie à ses démons, un foyer où la réalité vacille. El Diablo Fuma, réalisé par Ernesto Martínez Bucio, plonge dans l’angoisse silencieuse d’une jeunesse marquée par l’abandon et la survie. Un récit où l’innocence se heurte à l’indicible.Derrière des jeux anodins se cache une douleur insoutenable. Une sœur jouant à la maîtresse avec ses peluches, un frère refoulant ses larmes sous des airs bravaches, une prière murmurée dans l’ombre… Chaque détail trahit une détresse trop grande. Puis il y a cette main, surgissant du néant, rallumant une bougie éteinte. Rêve ou malédiction ?Dans une mise en scène brute et hypnotique, Bucio explore la frontière entre le réel et le surnaturel. Huis clos étouffant, la maison devient un piège où le silence pèse lourd. L’espace restreint amplifie l’angoisse et l’abandon. Une réalité troublante, où la misère sociale se mue en cauchemar. L’atmosphère suffocante, la menace invisible, tout concourt à plonger le·a spectateur·ice dans une tension constante. Un film qui hante longtemps après la dernière image. Une bougie vacille. Regardez bien… Elle n’est peut-être pas la seule à brûler.
Mariam Nasse