Focus | Cinéma colombien contemporain

  • 35èmes rencontres (2023)
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2022 a été une année marquante pour la reconnaissance de la vitalité du cinéma colombien : il conquiert une solide notoriété dans les festivals de Cannes, Venise, Berlin, San Sebastián, Busan, Doc New-York, La Havane. L’agence du cinéma colombienne (Proimagenes) rapporte l’augmentation spectaculaire de la fréquentation des salles, qui avaient tant souffert de la pandémie et qui se remplissent à nouveau. Le cinéma colombien a le vent en poupe dans les festivals nationaux et il est récompensé en Amérique latine.

En écho aux thématiques propres à l’identité du pays, les œuvres racontent des histoires au plus près des personnes confrontées à une évolution socio-politique en soubresauts et en espoirs. C’est un cinéma du présent et du futur. Les films en sélection s’imprègnent des questions humaines et politiques et s’engagent dans des audaces créatrices. Certains explorent le fantastique et l’immersion dans l’onirique. Medellín, Cali et Bogotá sont des centres de création incontestés, mais la périphérie rurale révèle son univers et les problématiques des campagnes émergent. Les récits foisonnent de jeunesse, de révolte, d’espoir dans un cadre de crise sociale et économique sévère.
Les jeunes Colombiens et Colombiennes se trouvent malmené·es par des lâchetés politiques et des défaillances familiales. Malgré leurs envies, leur foi dans leur bon droit et leurs dynamismes, ils et elles sont confronté·es à un monde implacable. Un pied dans la marge et un autre dans l’espoir, les rois du monde, le « mec », le repenti, le prisonnier, le paysan, les « Alis », bougent les carcans de leur quotidien subi. La famille est un espace instable et la caméra de Natalia Imery, intime, perce les non-dits. Le cinéma questionne les images : les créer et produire des œuvres comme le cinéaste Victor Gaviria, présenté par sa fille Mercedes dans un film tout en nuances ou voir, subir même, la violence quotidienne portée par les images télévisuelles, traumatisme de l’enfance de la réalisatrice Diana Bustamante. Une série produite par un collectif colombien arrive dans le festival en six épisodes d’une dystopie terriblement actuelle.

La sélection de ce 35e Cinélatino vient répercuter à Toulouse le foisonnement d’un cinéma vivant, remuant, effervescent. 11 films et une minie série sont au programme de ce cycle.

 

Cette programmation est soutenue par l'Ambassade de France en Colombie et Proimagenes.

 

MINIE SÉRIE ÉVÉNEMENT PAR LES PLUS GRANDS NOMS DU CINÉMA COLOMBIEN : 

Turbia

Nuageux
de Oscar Ruiz Navia, Carlos Moreno, César Augusto Acevedo, William Vega, Jorge Navas, Santiago Lozano Álvarez
Colombie / 2021 / 6 épisodes de 38 minutes 

À Cali l’eau a disparu. Les médias annoncent une pluie diluvienne, des émeutes éclatent dans la ville. Un prétexte pour six jeunes réalisateurs de donner libre cours à leur imagination et au cinéma et exposer les crises sociales, la corruption et la violence mais aussi des modes de vie alternatifs.

Marathon cinématographique le Dimanche 2 avril au gaumont pathé

 

LES LONG-MÉTRAGES


Alis

de Clare Weiskopf et Nicolás Van Hemelryck
Colombie, Chili, Roumanie / 2022 / 1h20

Un groupe de jeunes femmes hébergées dans un foyer pour mineures en situation vulnérable dévoile les contours de vies marquées par les expériences traumatisantes de leur enfance et de leur adolescence. Elles inventent un personnage, Alis, qui serait elles-mêmes tout en étant une autre. Elles rient et pleurent et, face à la caméra, se racontent et imaginent leur vie future. Un film poignant d’authenticité.

 

Como el cielo después de llover

Comme le ciel après la pluie
de Mercedes Gaviria
Colombie, Argentine / 2020 / 1h16

Le premier long-métrage de Mercedes Gaviria, fille du cinéaste Víctor Gaviria, est un journal intime, un portrait de sa famille nourri d’une multitude d’archives filmées. Les conflits et les secrets de sa légende familiale se nichent dans un labyrinthe tortueux, aux confins d'une domination patriarcale. Plus encore qu’une introspection familiale, le film de Mercedes Gaviria questionne le cinéma et trouve sa voie dans la poésie.


Dopamina

Dopamine
de Natalia Imery Almario 
Colombie, Uruguay, Argentine / 2019 / 1h26

Dans ce film autobiographique, Natalia raconte la crise qui a secoué sa famille. Au moment où son père apprend qu’il a la maladie de Parkinson, elle révèle à sa famille son homosexualité. Ses parents, qui ont été des militants gauchistes dans leurs années étudiantes, qui ont lutté pour la liberté et l’égalité, ne la comprennent pas et sont fortement affectés. De façon intimiste et avec tact, la cinéaste met en lumière les contradictions de sa famille.


La Roya

de Juan Sebastián Mesa
Colombie, États-Unis, France / 2021 / 1h23

Sur les versants escarpés du Quindio colombien, Jorge vit avec son grand-père et perpétue la culture du café, seul de sa génération à ne pas avoir choisi la ville. La « roya », le champignon toxique, a gagné les plantations. Lors des fêtes populaires du village qui s’annoncent, il va retrouver son premier amour et ses anciens amis. Entre travaux agricoles et plaisirs de la fête, Jorge reste hanté par ses souvenirs.

 

L'Éden

La Jauría
de Andrés Ramírez Pulido
Colombie, France / 2022 / 1h26

Eliú est incarcéré dans un centre de réclusion expérimental pour mineurs au cœur de la jungle colombienne. Il a commis un meurtre avec son ami El Mono. Tous les jours, les jeunes font des travaux exténuants et des thérapies de groupes intenses. La police tente de résoudre l’affaire mais les deux jeunes ne disent pas tout. Entre silence et mensonge, dans une végétation et une terre qui semble hantées, le mal couve et pas seulement parmi les jeunes détenus.

 

Los Conductos

Les Conduites
de Camilo Restrepo
Colombie, France, Brésil / 2020 / 1h10

Un homme est en fuite. Il vient de se libérer de l'emprise d'une secte religieuse. Il trouve un abri de fortune et un petit boulot dans une fabrique de t-shirts. Ce récit est inspiré de la vraie vie de « Pinky » et de son envie de vengeance envers le leader du culte. Ce film immersif et troublant, dont le récit est épuré, dans une pénombre accompagnée d’une création sonore exceptionnelle, unit un acte cathartique à une forme artistique audacieuse.


Los Días de la ballena

Les Jours de la baleine
de Catalina Arroyave Restrepo
Colombie / 2019 / 1h20

Cristina et Simón sont deux adolescents graffeurs qui déambulent dans les rues de Medellín, armés de bombes aérosols pour apporter aux murs vie et couleurs. Envers et contre tout, même en défiant la mafia locale, ils sont prêts à prendre tous les risques pour défendre leur espace de liberté. Le premier film de Catalina Arroyave Restrepo est un voyage optimiste au son de la jeune scène musicale colombienne.


Los Reyes del mundo

Les Rois du monde
de Laura Mora
Colombie, Luxembourg, France, Mexique, Norvège / 2022 / 1h50

Cinq enfants vivent dans la rue, sans toit, sans famille, sans racines. Rá récupère l’ancien acte d’une propriété ayant appartenu à sa grand-mère expulsée par les paramilitaires. Une lettre du gouvernement lui apprend la restitution des terres. Les cinq jeunes garçons partent à pied pour trouver enfin une terre promise. Que peuvent devenir cinq adolescents face aux pouvoirs et aux armes ?
Concha de Oro au festival de San Sebastián et Abrazo au festival de Biarritz en 2022.


Nuestra película

Notre film
de Diana Bustamante
Colombie, France / 2022 / 1h14

Ce documentaire-essai peu commun est un minutieux et consciencieux travail sur des archives télévisuelles contraint à regarder en face la violence qui a baigné la Colombie dans les années 1980. La réalisatrice témoigne : il est urgent de traiter ces informations visuelles qu’elle a vues dans son enfance. Par collage, des images de journaux télévisés s’enchaînent ou se répètent, conférant au film a un impact émotionnel puissant.

 

Un Varón

de Fabián Hernández 
Colombie, Allemagne, France / 2022 / 1h22

Carlos a 16 ans et rêve de passer Noël avec sa mère qui est en prison et sa sœur qui vit de la prostitution. Dans la rue, il doit se montrer un « varón », un homme avec les codes d’une masculinité violente et sans concession. Le film suit l’errance du jeune homme dans un environnement dangereux sur un mode documentaire, qui rend d’autant plus poignant ce gamin perdu dans un monde machiste et désespérément brutal.


Virus tropical

de Santiago Caicedo
Équateur, Colombie / 2017 / 1h37

Adaptation d’un roman graphique de PowerPaola, ce film d'animation raconte l'histoire de Paola, qui grandit entre l'Équateur et la Colombie. Sa famille, haute en couleurs, lui était au prime abord hostile. Entourée de personnalités féminines fortes, elle développe une vision du monde singulière et trouve peu à peu sa place dans un monde qui ne l'attendait pas.