Enviado el
- 35èmes rencontres (2023)
- La Película
- Éclairages sur le Focus
PORTRAIT DE RÉALISACTRICE
Toute jeune actrice, Manuela Martelli rayonne dans le film B-Happy de Gonzalo Justiniano (2003) où elle y interprète le rôle d’une jeune fille dont le monde s’écroule après la perte de sa famille et l’emprisonnement de son père. Le Festival de La Havane la découvre et lui octroie le Prix d’interprétation féminine. Elle, qui a étudié le théâtre à l’université, voit sa carrière prendre une grande ampleur dans le cinéma chilien. En 2008, Cinélatino lui donne une carte blanche en programmant quatre films. « Cette actrice douée fera encore sûrement parler d’elle », dit le programme des 20es Rencontres. Effectivement, en dix ans, elle joue des rôles majeurs dans une quinzaine de films, avec des réalisateurs et réalisatrices comme Andrés Wood (Mon ami Machuca et La buena vida), Sebastián Lelio (Navidad), Alicia Scherson (Il futuro).
Si l’actrice incarne souvent des jeunes adultes confrontées à des situations d’insécurité, de risques et de bascule dans des univers socialement fragiles, elle met également en lumière les faces sombres des relations amoureuses et familiales. Elle joue aussi dans des séries télévisées depuis 2007. La mini-série Cartas de mujer (2010) raconte, à travers le regard de cinq femmes, de leurs vies quotidiennes, l’Histoire du Chili depuis 200 ans.
En 2010, Manuela Martelli se forme à la réalisation aux États-Unis (avec l’aide d’une bourse Fulbright) et obtient un MFA (Master in Fine Arts). Elle écrit les scénarios de deux courts-métrages qu’elle réalise : Apnea et Marea de Tierra (avec la Kenyane Amirah Tajdin), film poétique et contemplatif. Elle cosigne également le scénario de Mar, réalisé par Dominga Sotomayor. Il ne s’agit pas d’un tournant dans sa carrière mais d’un moyen de diversifier les processus créatifs cinématographiques, au-delà des fonctions et des formats.
En 2021, elle entreprend la réalisation de son premier long-métrage, Chili 1976 en hommage à sa grand-mère qu’elle n’a pas connue. Mais elle qui a vécu la fin de la dictature de Pinochet tient, comme à une nécessité supérieure, à comprendre ce dont elle est héritière. Elle choisit l’actrice Aline Küppenheim avec laquelle elle a partagé le plateau dans Mon ami Machuca et La buena vida. Et son amie Dominga Sotomayor coproduit le film.
Par son acte de réalisatrice, elle défend, presque contre son gré puisqu’elle souhaiterait qu’il n’y ait pas de catégorisation de genre, un cinéma de femmes. Elle regrette que l’histoire du septième art soit marquée par une violence intellectuelle excluante : il est temps que s’expriment les points de vue des femmes et des populations opprimées.
La jeune actrice devenue réalisatrice a conservé son énergie, sa fraîcheur et son envie passionnée de cinéma.
Marie-Françoise Govin
Petit clin d’œil rétroactif
Retrouvez l'entretien de Manuela Martelli accordé à Cinélatino en 2008 : https://www.canal-u.tv/chaines/universite-toulouse-jean-jaures/espagnol/entretien-avec-manuela-martelli-rencontres-2008