Anne-Marie Métailié est la fondatrice et directrice des éditions Métailié qui ont vu le jour en 1979 et sont spécialisées dans la littérature lusophone et hispanophone (ce qui n’exclut pas d’autres aires géographiques) avec un catalogue de plus de 1000 titres.
Elle présentera La Ciénaga de Lucrecia Martel le mardi 20 mars à 19h30 à l'ABC.

“En 2001, j’ai été invitée à faire partie du jury du Prix du Festival du film latino-américain de Toulouse. Nous étions six ou huit jurés, je ne me souviens pas bien, mais nous passions nos journées et nos soirées à visionner des films, j’étais ravie et intimidée, les autres jurés étaient tous des pros du cinéma. Les films se succédaient, légèrement ennuyeux et puis un soir, lorsque la projection a commencé, pour moi tout a changé : la caméra du générique se promenait sur des corps de gens ordinaires autour d’une piscine pas très propre, elle détaillait avec détachement les chairs flétries, relâchées. Un bavardage sans intérêt accompagnait le parcours de la caméra et j’ai eu conscience que la littérature telle que je la conçois c’était ce que faisait cette caméra, ce film était une oeuvre de littérature. Le reste du film m’a confirmée dans cette conviction, non à cause de l’histoire qu’il racontait dont je ne me souviens pas bien et dont je me fiche, mais par la façon de montrer, le point de vue totalement original, les détails cruels et tendres à la fois qui étaient la vie même. Nous lui avons donné le Prix du Festival à l’unanimité et pour moi j’étais en plus heureuse qu’il soit remis à une jeune femme.” Anne-Marie Métailié

La Ciénaga

Argentine I 2001 I 1h43

Au bord d’une piscine sale près du village de La Ciénaga (littéralement : marécage), une famille est en vacances et a trop chaud. La mère, la cinquantaine décatie, boit. Le père se teint les cheveux et les enfants en font à leur guise avec leurs cousins. Une peinture atmosphérique et métaphorique de la bourgeoisie argentine et d’un pays plongé en plein marasme au début des années 2000.