Un couple de vieux Quechuas a passé sa vie à élever des lamas dans l'aride altiplano bolivien. Leurs gestes semblent se reproduire à l'identique depuis toujours, dictés par la nature et le soin à apporter au troupeau. Virgilio et sa femme Sisa, pourtant accoutumés à la rudesse de leur existence dans un environnement aussi impressionnant que dénudé et hostile, doivent affronter la maladie et la sécheresse. Leur petit-fils Clever vient leur rendre visite et les incite à migrer vers la ville comme beaucoup l'ont déjà fait, mais le couple résiste, férocement attaché à ses racines. Le sens du cadre et de la photo d’Alejandro est exceptionnel, son scénario sobre et dense, ses personnages traités avec beaucoup de sincérité. Le film a remporté le Grand Prix du jury de la section World Cinema à Sundance, après avoir reçu trois prix à Cinéma en Construction.

Le film, très nocturne, dans les tons ocre, montre deux sœurs : l’une sort de prison et l’autre vient d’acheter un lot dans un terrain vague, dans le but d’y percer un trou dans l’oléoduc qui passe au-dessous et de vendre le pétrole, aux alentours de Brasilia, au milieu du plateau désertique... Cette fiction, parcourue de fragments documentaires sur les partisans de Bolsonaro, est une vraie proposition esthétique en même temps qu’un conte politique.

À 77 ans, Telma a plusieurs rêves. L’un d’entre eux consiste à retrouver le premier amour de sa fille Lili, un soldat argentin parti faire la guerre des Malouines en 1982. Les jeunes ont entretenu quelques temps une correspondance, sans jamais s’être rencontrés. Quarante ans plus tard, avec l’aide de ses ami·es retraité·es du ciné-club, Telma décide de mener l’enquête pour le retrouver. Un documentaire léger, pétillant et plein d’humour ! Première française.

Une riche famille anglaise passe de luxueuses vacances à Acapulco quand l’annonce d’un décès les force à rentrer d’urgence à Londres. Au moment d’embarquer, Neil affirme qu’il a oublié son passeport dans sa chambre d’hôtel. En rentrant de l’aéroport, il demande à son taxi de le déposer dans une modeste “pension” d’Acapulco... Par le réalisateur multiprimé de Después de Lucía (2012), Chronic (2015), Nuevo orden (2020).

Au cœur du Chocó, le fleuve coule entre deux rives d'une forêt dense et mystérieuse. Depuis des décennies, des descendant·es d'esclaves marrons et d'indigènes vivaient là à l'abri des soubresauts du monde. Jusqu'à ce que la conflictualité blanche envahisse de nouveau leur univers et mette fin soudainement à la vie d'une centaine de villageois.es de la bourgade de Bojayá. De ce décor ténébreux, capté avec une insigne sobriété, s'échappent des voix en quête de paix. Pour honorer les morts et soigner leurs blessures, les femmes écrivent et chantent, seules et collectivement : elles fabriquent et transmettent la mémoire, au-delà de la reconnaissance et de la justice. Bravant la mort, leurs mélopées nous élèvent.

Dans un village mexicain rongé par les trafics, pour éviter à leurs filles l’enlèvement, les femmes les déguisent en garçons. Trois amies se rêvent normales et rechignent à obéir à leurs mères pendant que leurs amis garçons sombrent dans le narcotrafic, maître des vies de tous.
Être jeune fille et survivre... Tatiana Huezo s’est inspirée du roman Prayer for the stolen de Jennifer Clement, pour sa première fiction qui a obtenu une mention spéciale au Festival de Cannes en 2021.

Dans une campagne perdue au loin de São Paulo, une famille, qui vit difficilement du commerce du charbon de bois, cache chez elle, dans des conditions scabreuses, un mystérieux Argentin pas très recommandable. La cohabitation va vite s’avérer compliquée pour maintenir les apparences. Non sans un peu de méchanceté, la réalisatrice se moque de ces « petites gens » attirées par l’appât du gain. Elle montre aussi beaucoup d’affection et de respect pour ses personnages, avec une pointe d’humour réjouissante. Interprétation remarquable de Maeve Jinkings, déjà vue dans les films de Kleber Mendonça Filho. Première française.

Si Ulysse retourna à Ithaque auprès de Pénélope, Armand ne revint pas, assassiné à Gusen en 1941. Armand, exilé en France dès l'arrivée de Franco en Catalogne, était un républicain ; Soledad, restée en Espagne, était l'épouse qui assurait avec courage le quotidien. Autour de leur échange épistolaire se dessinent leurs vies de solitude de chaque côté d'une frontière. Hommage à toutes celles qui ont attendu ou attendent encore. Première française.

L’ingénieur belge Gustave Verniory arrive au sud du Chili en 1889 pour la construction d’une voie ferrée qui traversera la région de la Araucanía. Il y découvre une nature fascinante, une société en construction et un peuple, les Mapuches. Son journal de voyage est le point de départ de ce récit. Avec la liberté et l’humour qui caractérisent Ignacio Agüero, l’espace cinématographique devient un terrain de jeu dans lequel se croisent des reconstitutions historiques, des moments de tournage, des photos d’archives et des entretiens qui évoquent le passé et le présent de ce territoire traversé par plusieurs vagues de colonisation. Le regard fasciné du jeune Verniory cède la voix au peuple Mapuche, pour raconter leur histoire héroïque et tragique. Première française.

Marina, athlète de plongeon synchronisé, a dû renoncer à une épreuve olympique en raison d'une violente crise d'acouphène (tinnitus). Devenue sirène dans un parc aquatique, elle est rappelée à son univers précédent lorsque celle qui la remplace la contacte pour qu'elle l'entraîne. Une approche sensorielle de São Paulo inédite autour du portrait psychologique d'une femme puissante, dans un thriller épousant le monde de la compétition sportive de haut niveau.

Félix Bruzzone, écrivain argentin, incarne un joggeur qui court à travers Campo de Mayo, base militaire chargée d'histoire où étaient organisées torture et extermination durant la dictature argentine. C’est aussi le lieu de disparition de sa mère. Autour des conversations entre le protagoniste et les autres personnages, le film dépeint les contradictions de ce lieu. Une vision poignante qui invite à la réflexion sur notre passé et notre présent.

Pendant la dictature de Pinochet, la vie de la bourgeoise Carmen (très belle performance d’Aline Küppenheim qui incarne ce personnage) est soudain troublée par une demande du curé : il faut en secret soigner un jeune blessé. Entre les apparences lisses en famille dans la maison de vacances et ce travail clandestin très risqué, la cinéaste Manuela Martelli développe toutes les nuances de l’angoisse et de la maîtrise de soi.

Blanca, une adolescente accueillie dans le foyer pour jeunes du Père Manuel, est le témoin clé d'un scandale autour d'un réseau de prostitution pédocriminelle associé à des politiques et des hommes riches. Après Carne de perro (2012) et Jesús (2016), Fernando Guzzoni adapte à nouveau un fait divers, l'affaire Spiniak, en rappelant la confusion de l'exercice de la justice et du journalisme autour du personnage d'une adolescente qui n'a pas fini de questionner.