Une réflexion existentielle qui, à partir de l’expérience personnelle de l’auteur et ses propres archives filmiques, parcourt les trente dernières années d’un pays blessé. Les doutes et les désirs du cinéaste, l’isolement, l’absence, le désarroi sont au cœur de ce film dans lequel il confronte sa solitude aux fantômes des couples qui ont inspiré trois de ses films précédents (La Sed, 1991, La Ola, 1995, Las Chambelonas inachevé, 2015). Le narrateur nous guide dans ce parcours sur la création, ses choix personnels et sa détermination à continuer à vivre et faire du cinéma à Cuba. Un film au montage déterminant pour articuler les séquences et qui montre le pouvoir de la fiction pour approfondir une réflexion sur le vécu. Il envisage aussi la création comme possibilité de vivre dans le langage cinématographique. Première internationale.

Dans une campagne perdue au loin de São Paulo, une famille, qui vit difficilement du commerce du charbon de bois, cache chez elle, dans des conditions scabreuses, un mystérieux Argentin pas très recommandable. La cohabitation va vite s’avérer compliquée pour maintenir les apparences. Non sans un peu de méchanceté, la réalisatrice se moque de ces « petites gens » attirées par l’appât du gain. Elle montre aussi beaucoup d’affection et de respect pour ses personnages, avec une pointe d’humour réjouissante. Interprétation remarquable de Maeve Jinkings, déjà vue dans les films de Kleber Mendonça Filho. Première française.

Nous suivons María, productrice de tequila, femme solitaire, aux prises avec des difficultés économiques suite à l’implantation de grandes compagnies étrangères en concurrence déloyale avec les entreprises locales. Teresa Sánchez campe avec intensité cette « tequilera ». Son calme apparent et son sérieux masquent sa détresse face à la disparition probable de sa distillerie. Un beau portrait psychologique de cette femme aux abois. Rafaela, embauchée contre gîte et couvert, sera son administratrice et lui redonnera espoir et réconfort, mais les fléaux naturels s’en mêlent et le dénouement sera... abrupt et radical. Avec cette histoire locale, concise et stimulante à la croisée du documentaire et de la fiction, le réalisateur crée une atmosphère réaliste et un personnage attachant.

Comme dans La Flor, film fleuve de Mariano Llinás diffusé en 2019, on retrouve dans Trenque Lauquen la même équipe de la compagnie « El Pampero cine » et le même ton dans cette enquête plutôt énigmatique mêlée de romances, mystères, drames du passé, science-fiction, beaucoup de bavardages... et pas mal d’humour décalé. Laura Citarella a coécrit le scénario avec l’actrice Laura Paredes et met en scène ce film en 2 parties et 12 chapitres qui ne dure que quatre heures... plutôt jouissives. Il se passe majoritairement dans le village perdu de Trenque Lauquen dont est originaire la famille de la réalisatrice et où l’on participe, entre autres, à la recherche de Laura, mystérieusement disparue. Première française.