La pratique de Ramírez-Figueroa est ancrée dans le folklore et les rêves, les théories de la conspiration, les mythologies anciennes et la magie. La guerre civile guatémaltèque est un sujet récurrent dans son travail, adouci par des moments absurdes, des approches humoristiques, les mêmes que l’on trouve dans ses sculptures, performances and oeuvres sur papier.

María, jeune maya de 17 ans, vit avec sa famille au pied d’un volcan en activité du Guatemala. Un mariage arrangé l’attend. Alors que María rêve de voir la ville, sa condition de femme de la communauté Cakchiquel ne lui permet pas de changer son destin déjà tout tracé. Mais des complications au moment de sa grossesse la conduisent à rencontrer le monde moderne dont elle rêve. Ce monde lui sauve la vie, mais le prix à payer est salé. Le cinéma guatémaltèque continue à s’affirmer : après Julio Hernández Cordón (Gasolina) naît un nouvel auteur qui a le souci de construire ses histoires à travers un langage cinématographique d’une infinie richesse. Il fait la part belle aux images aussi bien qu’à son projet politique de défendre la place des femmes mayas dans le Guatemala contemporain.

Un western feijoada. Un hommage déjanté à Lennon.

Peut-être d’abord simplement le portrait intime d’une famille d’immigrants mexicains au Canada. Juanicas est un jeune homme souffrant de trouble bipolaire. Après plusieurs années au Mexique, il revient vivre au Québec dans la maison de sa mère, diagnostiquée elle aussi de la même maladie. Sa soeur Karina le filme pendant dix ans documentant sa descente aux enfers. Aucune vision voyeuriste ou sensationnaliste dans ce film touchant qui cherche tout simplement à comprendre. Nous assistons à la tragédie d’une famille placée en exil intérieur, au désespoir de nomades malheureux à l’esprit tourmenté. Le sujet douloureux, délicat et dérangeant est traité avec une distance pudique, malgré la grande implication émotionnelle de la réalisatrice. À mesure que le film progresse, il devient une chronique de divers problèmes de société.

Une communauté défend ses terres contre le gouvernement du Chiapas.

Au début du XXe siècle, un explorateur allemand demande à un chaman amazonien de le guérir. Ensemble, ils partent à la recherche de la yakruna, une plante sacrée. Vingt ans plus tard, un explorateur arrive des États-Unis auprès du même chaman pour lui faire une demande similaire. Dans ce film fleuve, le spectateur est invité à mener un voyage au plus profond de lui-même pour interroger une innocence perdue.

Deux frères jumeaux nains se préparent pour une lutte de catch. Deux prostituées âgées n’arrivent pas à travailler. Elles sont nostalgiques du vieux temps. Une tragédie plane sur eux, sans qu’ils s’en aperçoivent. Cinquante ans après son premier film, Arturo Ripstein (Carmin profond) poursuit avec un talent unique, son exploration des bas-fonds de l’âme humaine, en prenant comme point de départ un fait réel très médiatisé au Mexique en 2009.

Comment montrer en cinquante secondes la nature et le cycle de la vie ? Deux artistes l'ont fait, en projetant, à la lumière de la lune, des dessins numériques dans la jungle du delta du Tigre, près de Buenos Aires en Argentine.

Une jeune femme est recueillie, évanouie, dans la ferme des frères Lell dans la province d’Entre Ríos, où les plantations sont menacées par une étrange gelée qui détruit les cultures et où les vaches de la région meurent sans qu’on en sache la raison. Avec l’arrivée de l’étrangère, l’espoir naît parmi les fermiers et tout le voisinage : la mystérieuse jeune femme est peu à peu considérée comme une sainte. Avec une précision étonnante du cadre et de la mise en scène, Maximiliano Schonfeld décrit les croyances et les coutumes d’un étrange monde de paysans argentins, héritiers des colons européens. Un monde qui semble irréel, arrêté dans le temps, mais qui pourtant perdure : le réalisateur est revenu dans sa région d’origine pour faire ce film à l’air trompeusement bucolique.

Tania Candiani est intéressée par l’intersection complexe entre les systèmes de langages, les sons et les logiques de la technologie. Il y a de la nostalgie pour ce qui est obsolète dans son travail, qui cherche à rendre explicite à la fois le contenu discursif des artefacts et des projections du futur imaginées dans le passé. Ses processus de translation entre les sons, les mots, les modèles et les machines crée des associations discursives et révèle des logiques de la pensée.

Un aimable sourire cache un secret.

Javier Olivera est un «fils de»... Héctor Olivera, grande figure du cinéma argentin des années 1970. À l’instar du citoyen Kane, le héros du film d’Orson Welles, ce tycoon du cinéma construisit en pleine époque de sa splendeur un Xanadu à l’image de sa démesure : marbre, bois précieux, espaces grandioses. Aujourd’hui, alors que les ouvriers s’affairent autour de la maison familiale, Javier s’empare de sa caméra, remonte le fil du temps et raconte. En explorant les recoins de la maison et en récoltant une multitude d’images intimes, Javier Olivera se penche sur son identité et le sens de la filiation : il reconstruit par fragments un passé familial et national douloureux et fait acte de cinéma en proposant des fondations à son propre regard. Comme il le souligne «le cinéma ne se donne pas en héritage ; il se conquiert et se construit».

C’est un film-expérience. Le son est ici un élément prédominant de l’expression, la lumière est un personnage, les corps sont des acteurs. Un homme ancien s’occupe de sa femme mourante. Elle est belle. Ils vivent dans un lieu isolé au milieu des collines. La femme, alitée, s’apprête à abandonner son dernier soupir. Il doit par la suite assumer toutes les tâches pour inhumer sa défunte épouse. Dans ce qui est en train de devenir un rituel, il apprend à vivre la perte et la solitude. Dans un cadre naturel aussi beau que dur, un homme poursuit l’apprentissage de la vie en se confrontant à la mort d’un être cher. À travers une démarche à la fois minimaliste et impressionniste (une scène de la maison qui brûle vous fera peut-être penser à Tarkovsky), Pablo Lamar propose un film sensoriel où chaque spectateur est invité à éprouver une commune humanité.

Tania Candiani est intéressée par l’intersection complexe entre les systèmes de langages, les sons et les logiques de la technologie. Il y a de la nostalgie pour ce qui est obsolète dans son travail, qui cherche à rendre explicite à la fois le contenu discursif des artefacts et des projections du futur imaginées dans le passé. Ses processus de translation entre les sons, les mots, les modèles et les machines crée des associations discursives et révèle des logiques de la pensée.