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Fernando Ezequiel Solanas, dit Pino, cinéaste et homme politique argentin, est une figure essentielle de réalisateur engagé politiquement et esthétiquement.
Il est l’un des fondateurs du groupe argentin Cineliberación, avec l’ambition d’ouvrir une troisième voie au cinéma, ni étatsunien ni européen.
Il a marqué son temps par l’œuvre qui le propulse sur le devant de la scène cinématographique nationale et internationale : L’heure des brasiers, long documentaire de quatre heures tourné clandestinement, qui reste l’un des grands films argentins. Dans une interview accordé à Cédric Lépine pour le blog Cinélatino sur Médiapart en 2015, il déclarait : « mon premier film fut l’équivalent d’un essai en littérature : je souhaitais amener l’analyse critique et sociologique au cinéma. »
Après avoir vécu pendant plus d’un an dans la clandestinité, il quitte son pays en 1976, année du début de la dictature militaire, et s’installe en France en 1977. À son retour en Argentine en 1991, il s’engage politiquement : « … je devais être un axe de convergence pour la reconstruction d’une opposition politique. » Il siège comme député du parti de centre-gauche Frepaso (Front pour un pays solidaire) entre 1993 et 1997. Il participe ensuite aux élections présidentielles argentines de 2007, à la tête du mouvement Proyecto Sur et par, la suite, s’éloigne du kirchnérisme. Il est sénateur de 2013 jusqu'à son décès en 2020. Notamment engagé pour la légalisation de l'avortement et pour la protection de l’environnement, il est nommé en 2018 ambassadeur argentin auprès de l’UNESCO.
Son cinéma porte un regard critique sur les crises économiques, politiques en Argentine : Mémoire d’un saccage (2004), La Dignité du peuple (2005), Argentina latente (2007), La Próximaestación (2008) forment de grands chapitres de l’Histoire argentine. Puis il oriente sa lutte politique vers une militance écologique, dénonçant les dérives terribles de l’agriculture de son pays, l’océan de soja transgénique qui dévore les campagnes, avec le documentaire Le grain et l’ivraie, film qu’il vient présenter lui-même à Toulouse lors de la 31e édition de Cinélatino en 2019.
Outre ces essais cinématographiques documentaires, la fiction lui attire la reconnaissance et de nombreux prix. Ses films sont restaurés : la projection de Le Sud lors de la 29e édition de Cinélatino en 2017 attire un large public.
Fernando Solanas décède à Paris le 6 novembre 2020 de la COVID19 à l’âge de 84 ans.
« Mon langage cinématographique repose sur une caméra qui part en voyage à la découverte du pays. Il appartient à chaque cinéaste de prendre la décision de sa propre forme d’expression. La richesse du cinéma argentin repose sur la diversité des regards qui s’y trouve. »
Article de Cédric Lépine pour le blog Cinélatino sur Médiapart en 2015 : https://blogs.mediapart.fr/edition/cinemas-damerique-latine-et-plus-encore/article/050615/fernando-solanas-ou-lart-de-lessai-politique-au-cinema
Article d'Alain Bardel, revue Cinémas d'Amérique latine, n°0 : Fernando Solanas, un cinéma à la première personne