En partenariat avec le mensuel TETU
Longtemps quasi-inexistante ou censurée en Amérique Latine, le cinéma LGBT s'est beaucoup développé au cours de ces dernières années marquées par la libération des mœurs, l'évolution des comportements individuels et de la vie en société.
En Amérique Latine, continent réputé pour son machisme et son conservatisme en la matière, l'émergence de films à thématique sexuelle LGBT apparaît comme le revers de la médaille qui rend compte des profondes et rapides mutations culturelles et sociétales portées par les jeunes générations.
La manière dont le cinéma latino-américain parle de la diversité sexuelle n'est pas neutre, que les uns et les autres soient réprimés ou tolérés, les films portent la trace de regards différents.
Des aspects purement cinématographiques et d'autres de nature plus politique font l'intérêt de cette production qui ouvre sur des questionnements qui nous interpellent.
Les auteurs abordent ces thèmes avec un regard libre et affranchi de préjugés. Il s'agit le plus souvent de productions indépendantes et alternatives.
Cette franchise et parfois cette brutalité à traiter nos possibles, impossibles et non-dits ont souvent l'insolence de la jeunesse et disent à leur façon un certain état de la société et des valeurs qu'elle véhicule.
Ces films traitent des émotions de ceux qui ne suivent pas la "norme" hétérosexuelle et sont aux prises avec leur propre identité sexuelle et sociale dans un monde en mouvement.
Le mexicain Julián Hernández (Mil nubes de paz cercan el cielo, amor, jamás dejarás de ser amor, El cielo dividido, Rabioso sol, rabioso cielo) est sans doute l'icône du cinéma "gay" en Amérique Latine. Il a remporté par deux fois le Teddy Bear, qui récompense les films à thème "gay" au Festival International de Cinéma de Berlín.
Quand le cinéma s'empare ainsi d'un fait de société et d'histoires singulières il contribue à la reconnaissance de cette diversité sexuelle, à une prise de conscience collective et à prendre acte des modifications majeures de nos comportements pour penser le monde dans lequel nous vivons.
LA SECTION « LGBT, LA DIVERSITÉ SEXUELLE DANS LE CINÉMA LATINO-AMÉRICAIN » À L’HONNEUR
LUNDI 22 MARS
En partenariat avec Têtu et avec la complicité du festival du film LGBT de Toulouse, «Des Images aux Mots», organisé par l’association Arc-en-ciel
18 H : RENCONTRE
dans le Forum de la Fnac Wilson avec des invités
du festival, animée par Paul PARANT journaliste à Têtu
20 H : PROJECTION
Projection de EL CIELO DIVIDIDO de Julián HERNÁNDEZ (Mexique, 2006, 2h20)
Films programmés
Fragmento de identidad de Julián Hernández (Mexique, 2005)
Bramadero de Julián Hernández (Mexique, 2007)
Sur un chantier de construction de Mexico, Hassen et Jonás s'aiment dans une chorégraphie sexuelle et dangereuse, où la sexualité devient désir et le désir amour. Ce lieu devient un espace de liberté au sein de la jungle urbaine. Dans la fusion charnelle d'une sexualité naturellement sans tabou, se joue une tragédie où les mots sont déclamés par les mouvements des corps.
Vago rumor de mares en zozobra de Julián Hernández (Mexique, 2008)
Dans un bar, un jeune homme observe une femme qui danse et parvient à obtenir son attention, à échanger quelques regards, avant de la raccompagner chez elle. Comme toujours chez Julián Hernandez, les corps de ses personnages sont plein de désir et s'expriment sans parole. De beaux et lents plans-séquences quasi hypnotiques captent la sensualité des corps tremblant sous leurs hésitations.
Amor Crudo de Martín Deus et Juan Chappa (Argentine, 2008)
Deux amis en pleine puberté partagent leur temps ensemble au collège, sur un terrain de foot, dans une grande complicité. Dans la confusion des sentiments, l'amitié voit l'éveil des désirs et de l'amour. Avec la candeur et l'innocence propres à de jeunes adolescents qui viennent de sortir de leur enfance, une première initiation à la sexualité prend forme.
Noturno de Martín Deus et Thiago Carlan (Argentine, 2007)
Après avoir fait l'amour, deux jeunes hommes se souviennent de leur rencontre, dans un bus où leurs regards en dirent long sur leurs désirs. Une rencontre occasionnelle en pleine nuit, tout comme l'on rencontre une Cendrillon, aboutit à une relation intense. Mais la Cendrillon voudra-t-elle d'un autre rendez-vous, acceptera-t-elle aux yeux de tous cette fois-ci de poursuivre cet amour commencé ?
Desde siempre de Marialy Rivas (Chili, 1996)
Plusieurs personnages, chacun dans sa propre mise en scène, donnent des témoignages crus sur l'homosexualité. La société chilienne des années 1990 se révèle alors répressive et intolérante. Prenant le parti de la fiction pour témoigner et se plaçant du côté du documentaire pour rendre compte de la réalité sociale, la forme du film est expérimentale et engagée.
El reloj de Marco Berger (Argentine, 2008)
Javier rencontre Juan Pablo à un arrêt d'autobus. Juan Pablo propose à Javier de passer chez lui et comme il est tard, de rester dormir. Une homosexualité latente qui peine à s'affirmer : le réalisateur a poursuivi ce thème dans son premier long métrage : Plan B. Ici, c'est l'adolescence elle-même qui est interrogée, à l'heure où l'identité sexuelle n'est pas définie et laisse perplexe.
Una ultima voluntad de Marco Berger (Argentine, 2007)
Un condamné à mort demande comme dernière volonté, non pas une cigarette mais un baiser. Mais le peloton d'exécution n'est composé que d'hommes. Dans ce court métrage, on reconnaît les deux protagonistes de Plan B. Dans un Noir et Blanc stylisé, dans un contexte qui pourrait être celui de la dictature argentine, pointe subrepticement le désir masculin comme ultime rempart face à la tyrannie.
Tà (ok) de Felipe Sholl (Brésil, 2007)
Deux adolescents, dans des toilettes publiques cherchent à se donner du plaisir, commençant par la drogue et le sexe. Mais les moyens les plus simples se révèlent parfois les plus efficaces… L'amour dans un lieu public, qui plus est des toilettes, semble ici s'opposer à l'intimité… mais la spontanéité triomphe ! Un court-métrage produit par Karim Aïnouz et Jonathan Nossiter.
Longs-métrages :
Mil nubes de paz cerca del cielo, amor, jamas acabaras de ser amor de Julián Hernández (Mexique, 2003)
Gerardo déambule dans Mexico à la recherche d'une personne capable de lui révéler le secret de la lettre d'adieu de Bruno, un amant éphémère dont il s'éprit immédiatement. Dans sa quête, Gerardo est confronté à des personnes qui, oubliant la nécessité d'aimer, sont incapables de lui offrir la tendresse dont il a besoin pour continuer à vivre. Teddy Award du meilleur film au Festival de Berlin 2003.
El cielo dividido de Julián Hernández (Mexique, 2006)
Gerardo tombe fou amoureux de Jonas. Cet amour réciproque les conduit à se voir régulièrement. Mais un événement inattendu dans une discothèque va laisser planer entre eux l'ombre du doute. Les corps qui s'attirent et se repoussent... les regards qui éloignent et créent de nouveaux espoirs, mettent en évidence un amour fusionnel, où la parole raisonnée n'a plus cours.
Interdit aux moins de 12 ans
Rabioso sol rabioso cielo de Julián Hernández (Mexique, 2009)
L'amour comme une épopée ancestrale, comme une lutte mystique dans laquelle l'expérience de la perte et la mort est un passage obligé, une douce douleur qui aide à atteindre le bonheur absolu. Kieri, Tari et Ryo s'aiment sans contraintes spatio-temporelles, dans un présent continu, une éternité dictée par l'essence de leurs raisons d'être. L'une des œuvres les plus ambitieuses de Julián Hernández.
Glue de Alexis Dos Santos (Argentine, 2006)
C'est l'été pour Lucas, Nacho et Andrea, trois adolescents qui vivent dans une petite ville en plein désert. Entre familles éclatées, groupe de rock, tube de colle et angoisse existentielle, ils partagent la découverte de leurs pulsions sexuelles, dans la chaleur sèche et sous le vent de Patagonie… Glue révèle deux jeunes brillants acteurs : Nahuel Pérez Biscayart et Inés Efron dont c'est le premier film.
La León de Santiago Otheguy (Argentine, 2006)
Alvaro mène une vie simple et solitaire dans une région reculée de l'Argentine où son homosexualité est motif d'exclusion. El Turu, un homme violent, est résolu à tourmenter Alvaro, dont la « différence » le menace. Filmé comme un documentaire, La León présente une microsociété à la limite de la forêt sauvage, où l'environnement naturel reflète les passions humaines, entre apaisement et confrontation.
Vil Romance de José Celestino CAMPUSANO (Argentine, 2008)
Roberto vit des relations sans lendemain, jusqu'au jour où il rencontre Raúl, d'une trentaine d'années de plus que lui. Raúl se montre violent mais Roberto s'attache à lui. Prix Découverte de la critique française aux Rencontres 2009, Vil romance raconte sans fards mais avec sincérité une passion amoureuse dans une banlieue argentine peu connue. Une découverte à plus d'un titre !
El lugar sin limites de Arturo Ripstein (Mexique, 1978)
La Manuela, travesti farfelu, dirige avec sa fille La Joponesita une maison clause dans un petit village sous l'autorité du cacique Don Alejo. La Manuela redoute l'arrivée de Pancho, un camionneur violent. Adaptation du roman homonyme de José Donoso, le film de Ripstein a marqué en son temps par le baiser échangé entre deux hommes. Une œuvre devenue de nos jours un classique du cinéma mexicain.
Fresa y chocolate de Tomas Gutierrez Alea et Juan Carlos Tabio (Cuba, 1993)
La Havane, 1979. David, jeune étudiant en sciences sociales, aime son pays et croit en la révolution castriste, avec fougue et naïveté. Sa rencontre avec Diego, un artiste homosexuel qui tente de le séduire, remet peu à peu en cause ses certitudes. Le maître du cinéma cubain, en réalisant un film humaniste sur l'un des tabous du régime castriste, a marqué les années 1990 d'un succès international.
Madame Sata de Karim Aînouz (Brésil, 2002)
évocation historique de João Francisco, un homme réputé pour ses mœurs libres, dit Madame Satã, qui rêvait, dans le Brésil des années 1930, de devenir une chanteuse diva aimée de son public. Ce premier long métrage de Karim Aïnouz (Viajo porque preciso, volto porque te amo en compétition cette année), dresse le portrait d'un mythe populaire, affirmation incontournable de la culture afro-brésilienne.
Ronda Nocturna de Edgardo Cozarinsky (Argentine, 2005)
Buenos Aires, la nuit. Victor, à peine sorti de l'adolescence, déambule dans les rues. Protégé par un inspecteur de police, il partage son temps entre le racolage, la drague et le deal. Plongée onirique dans une ville de misère et de folie, ce film est aussi une descente dans les profondeurs de la peur la plus irrationnelle : celle de la pulsion meurtrière de l'amour.
Tan de repente de Diego Lerman ( Argentine, 2002)
La vie de Marcia se partage entre la routine de Buenos Aires et ses kilos en trop. Sa rencontre avec Mao et Lenine, un couple de jeunes filles punks, bouleverse son quotidien. Surtout lorsque Mao lui déclare sa flamme et, pour lui prouver cet amour, accompagnée de Lenine, entraîne Marcia dans un voyage étrange, où chacun fera face à ses propres contradictions. Et du chaos surgit l'espoir.