Nostalgie et humour se complètent pour cette fête d’adieux au quartier, où en plus d’être expropriés, les habitants doivent détruire la maison de toute leur vie. Les projets d’aéroports ne concernent pas les pauvres gens, et leur faculté de rire est leur vrai triomphe face à l’iniquité. Rire amer, insouciance, sentiments d’injustice, souvenirs, le documentaire montre les réactions et les rites, tous ces petits riens qui font la vie et qui se défont là.

On compte environ 350 entreprises récupérées par les travailleurs en Argentine. Elles ont constitué une véritable résistance à la crise qui a détruit l’économie du pays fin 2001. Une structure sociale collective et combative, qui nous mène de l’expérience de plusieurs coopératives de Buenos Aires jusqu’aux Fralib d’Aubagne. Un film de lutte, sur la lutte, qui est comme une boîte à idées pour concrétiser des alternatives, ici, ailleurs, maintenant. Revigorant.

Le 21 décembre 2012, la fin du monde est annoncée. Les habitants de Quillagua, dans le désert chilien, se préparent à disparaître... Hélas, la prophétie n’est pas loin de correspondre à la réalité. Malgré les efforts de ses habitants, Quillagua se meurt, et l’exploitation voisine des mines ne risque pas d’améliorer le sort de ses paysans... Une fin du monde racontée par des personnages attachants que la caméra prend le temps de considérer.

Au Pérou comme en Bolivie, l’exploitation des mines continue de ravager les cultures ancestrales des peuples indigènes. Étudiante en droit, Nélida lutte contre les multinationales et les États qui génèrent ce saccage. Elle tente d’entraîner d’autres femmes dans son sillon. Tendre et combative, elle est la voix du film : elle conte son peuple et sa culture dans les paysages sublimes de son univers, transfiguré par un excellent travail de l’image.

Une montagne forestière humide... On pourrait être dans un livre de Hermann Hesse, mais nous sommes dans la région d’El Bolsón, au sud-ouest de l’Argentine. Habitée par les Mapuches, colonisée par des Allemands, puis investie par les hippies dans les années 1970, la contrée a vu fleurir une multitude de cultes inspirés par toutes ces cultures. Pablo Agüero accompagne de sa caméra quelques femmes installées là pour tenter de saisir leur inspiration.

Comme des milliers de Colombiens, Blanca a dû se réfugier dans un bidonville de Bogotá pour fuir le conflit armé. Voilà pour le hors-champ. Car le film est un huis clos dans l’antre de cette jeune grand-mère, qui tente de sauver ses petits-enfants de la misère. Réussissant le prodige de filmer au plus prêt sans resserrer trop ses plans, le film déconstruit, bienveillant, mais sans faux-semblant, cette vaine pugnacité.

Dans leur chambre, entre les passes, María et Karina se livrent à la caméra. Leur voix digne et précise dessine, parfois avec gravité, parfois avec humour, les contours de leur vie et de leur métier qui, entre choix et nécessité, leur permet d’accéder à une autonomie sociale et financière. Filmée avec pudeur et attention, leur parole ne sous-estime jamais ni la violence, ni certaines joies d’un quotidien vécu différemment par chacune.

Vu à travers les yeux des paysans mexicains producteurs de maïs qui refusent de renoncer à l’agriculture traditionnelle, Sunú noue les histoires singulières d’un monde rural menacé. Il chemine en profondeur dans le coeur d’un pays où les gens sont consciemment déterminés à travailler leur terre librement et à rester fidèles à leur culture, pour que le monde du maïs ne soit pas perdu à jamais. Un hymne à la bigarrure de la vie.

Ils étaient des enfants uruguayens et furent dispersés aux quatre coins de l’Europe et de l’Amérique, parce que leurs parents, militants politiques, furent pourchassés par la dictature. À travers leurs témoignages, le film singularise les vagues à l’âme de ces exilés qui n’ont rien choisi, qui sont aujourd’hui fondus dans leur pays d’accueil et pour lesquels le pays et les idéaux de leurs parents n’ont pas toujours la saveur d’une madeleine de Proust.