L'exploration d'un mythe de la culture afro-brésilienne urbaine: Joào Francisco dos Santos (1900-1976), alias " Madame Satà ", personnage légendaire, multiple et complexe.
Il fut l'un des plus célèbres malandrins de Rio: ce pourquoi il passa le tiers de sa vie en prison. Chanteur et comédien, il démolissait allègrement le stéréotype de l'homosexuel fragile et délicat. Lui, que sa mère avait échangé contre une mule, adopta sept enfants. L'auteur de ce ciné-portrait, qui parle d'un mixte de "Gavroche, Joséphine Baker, d'un Jean Genet carioca et d'un Robin des bois tropical", dit avoir privilégié une approche ludique de son sujet, à la manière dont son héros abordait la vie. 

Au-delà de Satà lui-même, saint(e) ou démon, "reine" (par trois fois du Carnaval), de ce marginal en résistance politique et culturelle dans une société "qui n’avait plus de place pour ses anciens esclaves", Karim Aïnouz (par ailleurs co-scénariste de l’"Avril brisé" de Walter Salles et co-produit, ici, par la "Videofirme" des frères Salles) a voulu évoquer aussi la "République de Lata", ce Montmartre de Rio, au début des années trente, ce monde à part qui avait déjà, comme les favelas d’aujourd’hui, ses règles, ses lois et ses rituels.