Une estrade. Une femme assise à une table témoigne. Elle donne à entendre sa douleur, avec lenteur, avec chaos, avec hystérie. Dans le procès d'un des génocidaires, elle dit l'horreur des camps, l'inexplicable extermination, l'insondable détermination des bourreaux. La salle est sombre. Loin, le juge mène « L'interrogatoire ». Et la femme recommence, elle assène, elle s'emporte. Le spectateur est dans la salle d'audience. Il est lui aussi interrogé. Les mots martelés, répétés, peuvent-ils suffire à faire vivre la mémoire ? Sensibilisent-ils ou banalisent-ils ? Que faire de l'émotion ? Peut-elle être intellectualisée ? Pour en faire quoi ? La caméra est simplement présente, prend ce qui est dit. Le juge et le bourreau ne sont jamais montrés. La caméra est pendue aux lèvres du témoin, espérant capter l'indicible, l'impensable vécu.