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Les nouvelles aventures du cinéma colombien
Le cinéma colombien vit de nouvelles aventures. On se souvient de L’Étreinte du serpent, nommé aux Oscars dans la catégorie Meilleur film en langue étrangère, de La Terre et l’ombre de César Acevedo, qui a remporté la Caméra d’or. Plusieurs des 54 films colombiens diffusés en 2022 ont reçu des prix importants. À San Sebastián, la Concha de oro a été attribuée à Los reyes del mundo de Laura Mora. Andrés Ramírez Pulido a reçu le Prix de la semaine de la critique à Cannes, pour son film L’Éden, pour ne citer qu’eux.
L’année 2003 fut un tournant dans la cinématographie colombienne. Des lois et des programmes ont favorisé le développement du cinéma et l’émergence de nouveaux talents. C’est l’année de la loi 814, qui permet la création du Fonds pour le Développement Cinématographique (FDC) et de l’organisation à but non lucratif Proimágenes. Ce programme gère, régule le secteur audiovisuel en Colombie et mène différentes actions. En 2012, la loi 1556 favorise le territoire national comme scène de tournage d’oeuvres cinématographiques. La Cinémathèque de Bogotá se transforme : différentes missions lui sont assignées, comme les commissions du film de Bogotá, du soutien à la création à travers des incitations économiques et au développement de contenus pour de nouveaux médias. En 2017, la mairie de Medellín, avec la participation du secteur, a créé une Cinémathèque qui mène un travail semblable à celle de Bogotá. L’agence nationale Proimágenes Colombia mène une politique volontariste pour accroître la visibilité locale d’une production qui connaît une reconnaissance à l’international. D’ailleurs, après la chute brutale de fréquentation en 2019, les chiffres de 2022 marquent une augmentation notoire.
Parmi les films contemporains sélectionnés à Cinélatino, nombreux sont ceux qui interrogent les crises, les tensions, la violence de l’histoire passée ou présente. Apparaît la nécessité de dire, de raconter, de témoigner, de transmettre, alors que la transmission semble impossible, que ce soit à un personnage imaginaire (Alis), à travers des images d’archives pour reconstruire une histoire personnelle (Como el cielo después de llover) ou une histoire collective (Nuestra película). La violence des années 1980 et du conflit armé est interrogée, comme les bouleversements sociaux plus contemporains (Turbia) et les mesures de réparation
gouvernementales. Dans Los reyes del mundo, cinq enfants cherchent la terre promise par le gouvernement après la loi de restitution des terres. Plus largement, la question du territoire est primordiale dans la cinématographie colombienne contemporaine. Le territoire est parfois traversé, d’où la forme récurrente du road movie ; il apparaît comme une quête ; il est menacé (La roya). Il est souvent rural, parfois urbain (Los días de la ballena).
Les films sélectionnés sont autant de regards posés sur un pays, ses cultures, son histoire récente, ses traumatismes, son futur, avec réalisme ou empreints d’un « gothique tropical » (Los reyes del mundo). Un panorama mouvementé.
Loreleï Giraudot
À lire : Revue Cinémas d’Amérique latine n°31 « Trois femmes dans La Selva », Julián David Correa, p. 148