Dans les années 1980, le voleur chilien Alberto Candia et son compère Eugenio Pizarro auraient dérobé des reliques antiques dans une cathédrale andalouse afin de les emmener au Chili. En rapportant la légende, le film invite personnages réels et fictifs à reconstituer le mythe. De Cadix au désert d'Atacama, deux territoires reliés par l’histoire coloniale et la quête de l'or, le recit juxtapose les temporalités en mêlant le vrai et le faux. Inédit à Toulouse.

Dans une communauté Mbyá-Guarani entre le Brésil et l’Argentine, tout le monde a entendu parler de Canuto qui, il y a longtemps, s’est transformé en jaguar avant de décéder tragiquement. Afin de raconter son histoire en collaboration avec sa communauté, le cinéaste indigène Ariel Ortega et son confrère Ernesto De Carvalho interrogent les habitant·es et recréent un film fictionnalisé sur le sujet - film dont la préparation et le tournage apparaissent dans le documentaire. S’ils tentent de comprendre ce qui est arrivé à Canuto, ils s’interrogent plus encore sur qui pourrait jouer son rôle avec légitimité. Ce film aux narrations étonnantes questionne sans exotisme les représentations et l'imaginaire d'une communauté indigène contemporaine. Première française.

Selon les croyances locales, sur la Costa Chica au Mexique, les personnes sont reliées à un tono, leur double animal, dont la vie est mise en péril par la crise écologique. Lorsque celui-ci est blessé, des traces apparaissent sur le corps de ces personnes. Par un subtil montage d’images et une photographie splendide, Moretones met en relation les liens entre humains et animaux. Une invitation à la contemplation d’un univers poétique et onirique. Inédit à Toulouse.

Emiliano enquête sur la disparition de sa mère, activiste qui s'était opposée aux conséquences nocives de l'exploitation d'une mine. Alors que la riche famille Almada aurait des responsabilités dans cette disparition, il décide de travailler pour eux afin d'en savoir davantage. Le réalisateur de Sangre, Los Bastardos, Heli et La Région sauvage poursuit sa peinture des relations humaines dans le monde apocalyptique du chaos sociopolitique.

Sara est employée domestique chez un docteur fou, enclin au féminicide. Elle est aussi une sorcière, qui communique avec des esprits tout-puissants et rêve de venger la mort de sa filleule, l'ancienne femme de son employeur. Le film prend le parti d’une sorcière luttant contre un mal incarné par un savant fou, dans une chorégraphie macabre de la culpabilité. Entre eux se dessine le Mexique de l’époque, écartelé entre croyances religieuses et désir de modernité.

Le documentaire entre ici en collision avec la fiction, orchestrés par la réalisatrice costaricaine Antonella Sudasassi. Trois femmes de 68, 69 et 71 ans partagent leurs souvenirs d’enfance et de jeunesse, marqués par les tabous sexuels. Les voix d’Ana, Patricia et Mayela deviennent un seul corps à l’écran et nous révèlent les désirs et plaisirs inavoués d’une femme dans sa deuxième partie de vie. Les rides s’installent, les cheveux blancs se multiplient, mais qu’en est-il de la sexualité ? Que fait-on du désir lorsque la société nous invisibilise ? Entre douceur, intimité et confidences douloureuses, le film nous transporte d’une époque à l’autre et nous invite à réfléchir sur la féminité dans toute son amplitude. Première française.

Hiver 1969. Pierre Barouh retrouve son ami Baden Powell à Rio de Janeiro. Ensemble, ils partent à la rencontre des pères de la samba, João da Baiana, Pixinguinha et de leurs disciples, Maria Bethania, Paulinho da Viola, afin de témoigner de la vitalité de la culture carioca sous l’étau de la dictature militaire. Un documentaire exceptionnel sur la musique brésilienne réalisé par Pierre Barouh, dénicheur de talents, qui fit découvrir la bossa nova en France. Avant-première.

Guidés par les percussions et les chants, grands et petits se regroupent pour traverser la jungle colombienne. Ni la chaleur ni la pluie ne les empêchent de rejoindre leur but. Pour la première fois en 20 ans, 150 familles retournent à La Bonga après avoir été forcées de quitter la ville à cause du conflit armé et des menaces des paramilitaires. Il reste peu de l'école et des murs des maisons, aujourd’hui envahis par la nature. Les souvenirs restent eux aussi engloutis sous la végétation. Cette nuit, les danses célèbrent Santa Rosa, patronne du village. Le désir de réinvestir les lieux y est fort. La Bonga donne à voir avec douceur et sobriété les blessures encore ouvertes du conflit armé. Première mondiale.

Morán, un employé de banque modèle, décide de voler l'équivalent de 25 ans de travail quitte pour cela à passer trois ans en prison. Il propose à un collègue de conserver chez lui le butin. Leur routine de vie est dès lors irrémédiablement bouleversée. Remarquée à Cannes en 2023, cette comédie toute en digression et fausses pistes, évoque une maxime attribuée à Brecht, selon laquelle fonder une banque est bien plus grave que de la dévaliser. Avant-première.

Sofia, une joueuse prometteuse au sein d’une équipe de volley ball queer, découvre qu'elle est enceinte dans un pays où l'avortement est illégal. Face à la menace des mouvements évangélistes, elle trouve dans le collectif et le soutien d’un père aimant la force de faire face à la persécution. Premier film multirécompensé lors de la 42e édition de Cinéma en Construction et présenté à la Semaine de la Critique du festival de Cannes 2023.

Dans un petit village minier, au cœur du désert dans le nord chilien, les femmes sont soumises aux diktats imposés par les hommes. Dina (16 ans), confrontée à une grossesse non désirée, prévoit de partir à la ville, fuyant le machisme. Sa jeune sœur Sariri vient d’avoir ses premières règles jugées malignes par la gent masculine. Elle devra donc quitter le village pour un parcours solitaire dans le désert. Dina ne veut pas laisser sa sœur subir la violence de ces rapports masculin-féminin, mais comment ? De la complicité de Sariri avec son aînée, de son regard innocent, confiant et plein d’espoir naît une émotion intime. Un an après Chili 1976, Sariri a obtenu, en 2023, le Grand prix Cinéma en Construction, récompensant une autre réalisatrice chilienne. Première mondiale.

À 29 ans, Noelia perd brutalement la vue. Sebastián, lui, est non-voyant de naissance. À travers une mise en scène et des dispositifs visuels originaux, jouant entre flou et netteté, jeu d’ombre et lumière, tous deux témoignent. Leur rapport au monde est différent : pour elle, l’absence soudaine de l’image des siens, particulièrement de sa fille, est douloureuse, tandis que pour lui la vie continue telle qu’il l’a toujours connue. Tous deux se rencontrent et tombent amoureux. L’amour, la musique et la joie de vivre l’emportent sur la détresse de Noelia. Un film à l’esthétique singulière qui met en relation le voir et le non-voir avec douceur et délicatesse et invite à la réflexion de notre propre perception du monde. Première mondiale.