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JEUNE PUBLIC, PUBLIC JEUNE
Entretien avec Laura Woittiez, coordinatrice de l’équipe en charge de l’éducation aux images et des actions éducatives.
Depuis des années, Cinélatino adresse une partie de son programme aux jeunes et aux enfants. Comment détermine-t-on qu’un film est destiné au jeune public ou au public jeune ?
Laura Woittiez : Un comité constitué d’intervenant·es en cinéma – Marie-Pierre Lafarge, Louise Legal, Marie Decharles, Cédric Lépine – appuie, avec quelques bénévoles, l’équipe chargée des programmations « jeune public » qui réalise une présélection. Mais les enseignant·es sont également des interlocuteurs·trices essentielles. Ils et elles connaissent leurs élèves, leurs classes et savent choisir des films accessibles ou prendre des risques avec des propositions plus aventureuses. En outre, il paraît toujours fondamental d’accrocher le choix du film à un travail en classe, à un thème, un centre d’intérêt. Les classes qui bénéficient d’un enseignement complémentaire, option cinéma, bachibac (bachibac permet la délivrance simultanée du baccalauréat français et du bachillerato espagnol), options artistiques sont conduits vers des films plus exigeants – lycée Saint-Sernin, lycée des Arènes, lycée de Montauban, entre autres. Certaines classes viennent plusieurs jours consécutifs : nous élaborons un programme progressif qui permet d’aller vers des œuvres qui dérouteraient les jeunes au premier abord. Il s’agit de créer la curiosité cinématographique mais certainement pas de décourager avec des choix trop ambitieux.
Dans le catalogue, certains films portent la mention « ados ». S’agit-il de donner une indication sur des sujets qui touchent les jeunes ?
Oui mais plus encore. Ces films correspondent à des tendances que les ados connaissent bien, à ce qu’ils et elles ont envie et l’habitude de voir. Par exemple, ils et elles sont habitué·es à des formats de séries, dans la durée, dans les sujets et dans la manière de les traiter. Nous tenons à leur proposer des films qui vont spontanément leur parler.
J’ai vu que Turbia portait cette mention. Pourtant certaines scènes sont violentes.
Mais c’est une dystopie et les ados ne sont pas heurté·es par les histoires de zombies et autres créatures monstrueuses. Ce qui compte pour nous, c’est l’espoir. Nous ne leur suggérons pas de regarder des films dont la fin ne porte pas un message d’espoir.
Nous préférons mettre certains films de côté plutôt qu’exposer les jeunes à des récits de violences proches des réalités et d’avenirs inexorablement sombres.
Public jeune et jeune public, les pratiques ne sont pas les mêmes. Comment se déclinent-elles ?
En plus des propositions en direction des élèves de collège et de lycée, nous organisons des actions spécifiques pour les étudiant·es, comme « la nuit Cinélatino », marquée par un grand engouement. En plus des projections, nous y organisons des jeux et des drag shows. En développant du festif, en favorisant des rencontres avec les auteur·es, nous offrons au public jeune un ensemble diversifié. Un certain nombre d’étudiant·es montrent leur envie de participer en prenant des postes de bénévoles pendant le festival.
Est-ce que c’est dans le cadre de leurs enseignements ?
Oui, des classes de l’enseignement professionnel ou de BTS viennent expérimenter des tâches liées à leur formation. Mais il y a aussi des bénévoles spontané·es qui se répartissent dans les équipes.
Et pour le jeune public, des nouveautés ?
Cette année, nous innovons en travaillant avec des écoles maternelles. Une intervenante apporte des objets de médiation comme des marionnettes. Les films sont choisis avec les enseignant·es. Le programme est complété par un moment de
ciné-conte. Nous espérons continuer ce développement dans les années à venir.
Quelle bonne idée ! Les plus petit·es seront un public averti pour les cinémas d’Amérique latine.
Et développeront leurs goût et plaisir du cinéma.
Marie-Françoise Govin